(issu partiellement du recueil en hommage à Emile Darthois, premier président de la Société de Musique de Bouchain, de 1931 à 1954 ;
réalisé par Maurice Betrancourt, secrétaire-trésorier de l'harmonie, Chevalier du Mérite Social, Officier d’Académie)
La Société de Musique de Bouchain à laquelle fit suite l'harmonie actuelle, fut fondée en 1839, comme nous l'apprend le "Courrier du Nord" du 12 novembre 1839. Ce fut Monsieur Siméon Nugues qui, avec quelques amis, fonda cette Société.
A l'époque, les Sociétés de Musique étaient peu nombreuses dans la région. Il existait la Musique de Valenciennes 1802 - St Amand 1805 - Anzin 1806 - Condé et Vieux-Condé 1823 - Onnaing 1833 - Denain 1936.
A Bouchain, ville de garnison, quelques renforts lui étaient bien utiles de temps à autre, on parle de l'aide des artilleurs à Ste Barbe.
La fanfare, toujours très active, connut cependant des difficultés pour subsister, d'après ce que l'on lit dans "l'Echo de la Frontière", qui commentait sa participation au Festival de Douai, lors de ses fêtes de juillet 1846.
En 1848, la Fanfare rencontre un sérieux problème. En effet, Nugues, dont les idées républicaines, en cette période de troubles, lui étaient reprochées, l'obligèrent à s'exiler en Belgique.
Il fut remplacé en 1854 par Monsieur Pantel qui aurait, à en croire notre historien Arthur Leignel, était l'organisateur d'un important concours à Bouchain en 1867. La presse n'en parle pas, malgré son grand succès. Il en prit donc la Direction et transforma la Société initiale en Fanfare qui prit pour devise "Art-Poésie-Bienfaisance"
Le 22 octobre 1866, la fanfare fut reconnue officiellement et déclarée à la Préfecture du Nord, où elle fut inscrite sous le N°302. Les statuts signés par les membres fondateurs au nombre de 27 confiaient la Direction et l'Administration de la Fanfare au Chef de Musique assisté d'un sous-chef, d'un secrétaire, d'un trésorier et de deux membres exécutants.
Sous la direction de ce chef, la Fanfare connut la période la plus prospère et participa à de nombreux concours et festivals, notamment à Albert, Clermont, Compiegne, Paris, Calais, Roubaix, Ham, Albert et Montreuil-sur-Mer.
Un concours fut même organisé à Bouchain le 6 septembre 1868 et groupa 15 Orphéons, 11 Harmonies et 21 Fanfares (une affiche programme portant le sceau impérial existe encore dans les archives de l'Harmonie).
Monsieur Narcisse Cogé, qui prit la direction de la Fanfare à la suite de Monsieur Pantel, continua à assurer les succès de celle-ci, notamment au Concours d'Aniche en 1887.
Dans "l'écho de la Frontière" du 22 avril 1881, on relève que la Municipalité veut limoger Cogé, mais il en garde la direction jusqu'en 1889, après son concours à Paris du 10 juillet (Goube).
Vint ensuite Monsieur Jullion (1889-1894) qui continua l'oeuvre de ses prédécesseurs et se fit remarquer particulièrement au Concours d'Abbeville où il enleva deux premiers prix suivant sa devise "A la Baïonnette". Un grand festival eut lieu sous sa direction le 14 juin 1899 et groupa 16 des meilleures Sociétés du Nord de la France.
Monsieur Alfred Lecroix lui succéda et sous sa direction la Fanfare continua à se glorifier. Au concours d'Alfortville en 1901 elle remporta, outre les premiers prix d'exécution et de lecture à vue, une médaille d'or et la palme en argent. Pour le remercier et le récompenser de son dévouement envers la Société de musique, la Ville de Bouchain lui fit frapper une médaille de vermeil que sa famille possède encore ; elle est ainsi libellée :"Récompense au Fondateur de la Fanfare 1866-1908 ) son Chef Alfred Lecroix". Une médaille ientique en argent fut remise aux fondateurs de la Fanfare. Elle porte au verso les armes de la Ville et l'inscription "Art - Dévouement - Fraternité".
Avec la guerre mondiale de 1914-1918, la Fanfare dut subir de durs revers. Elle se retrouva à l'Armistice complètement ruinée, son Chef décédé, plus d'instruments ni de partitions et les archives détruites. Quatre musiciens étaient en outre glorieusement tombés au Champ d'Honneur : Emile Allard, Constant-Louis Midavaine, Paul Desjardins et Léon Piérard.
C'est alors que Monsieur Désiré Bourgeois, ancien sous-chef, prit la direction de la Fanfare et entreprit de la faire revivre ; mais s'il put arriver à regrouper les anciens éléments, il se trouva en difficultés financières résultants des dommages de la guerre. Il dut alors contracter un emprunt pour permettre d'acheter des instruments et produire des factures, mais ces dépenses ne furent honorées par le Service des Dommages de Guerre que par des titres refusés par les prêteurs, d'où difficultés nouvelles pour la Société.
Des personnalités de la ville (Fernand Bourgeois, Emile Darthois, Alfred Brassart, Maurice Fauville, Amédée Daix, Lucien Turotte, henri Fiévet, Alfred Piérard, Louis Bricout) par leur générosité pour sauver la Musique, afin d'éviter la dissolution de la fanfare et des poursuites contre son Comité, donnèrent la somme nécessaire au remboursement de l'emprunt. Mais tous ces déboires avaient atteint le moral de ses membres qui désertaient la Salle de Répétitions de plus en plus.
Monsieur Paul, maire de la ville, et son adjoint Emile Darthois, entreprirent de réunir en une assemblée générale tous les membres de la fanfare, même les anciens, et le 28 décembre 1929, au cours de cette assemblée, des modifications étaient apportées aux statuts qui prévoyaient notamment la nomination d'un Conseil d'Administration ayant à sa tête un Président, un Vice-Président, et un Secrétaire-Trésorier nommés pour une période indéterminée, ainsi que six membres pris parmi les musiciens et renouvelables par tiers tous les ans - les Chef, sous-chef et répétiteur ne faisant partie de ce Comité qu'à titre consultatif.
Le 6 aout 1931, Monsieur Emile Darthois était nommé Président et Henri Fievet vice-président, Charles Parent étant Secrétaire-Trésorier. Sous leur habile impulsion, la Société reprit vite son activité et avec la nomination de Monsieur Louis Maine, Chef de musique, alla de progrès en progrès.
En effet, le 19 novembre 1931, au cours de sa réunion, le Conseil Municipal ratifia la nomination de Louis Maine qui dirigea la Fanfare puis l'Harmonie transformée en 1938, pendant 43 ans jusqu'au 8 décembre 1974. C'est un record !
Louis Maine, très regretté ... Le Chef aimé de tous, venait de diriger son dernier concert de Ste-Cécile. Il fut un chef particulièrement éminent. Il s'est imposé par ses qualités. Ceux qui l'ont connu ont dit de lui qu'il alliait la plus grande compétence à la plus grande amabilité.
Transformée en Harmonie le 7 mars 1938, une clique lui fut adjointe sous l'habile direction d'Aimé Rémy. hélas, la guerre encore une fois allait réduire à néant cette progression.
La plupart des membres mobilisés, l'invasion et les bombardements grevèrent le patrimoine de l'Harmonie. Un Comité d'entraide aux prisonniers s'étant formé avec les sociétés locales, toute la caisse de la Société fut remise en cotisation à ce Comité. A la libération, pour fêter ce retour à la liberté, sept musiciens se retrouvèrent derrière Monsieur Louis Merliot, répétiteur, pour conduire le défilé.
Les prisonniers rentraient de captivité, mais hélas des musiciens étaient restés sur les champs de bataille : Stécher Gavryslack, Joseph Murzin et Antoine Tomys. La plupart des instruments disparus ou détériorés dans la bataille, les partitions dispersées, il fallut l'habile administration de son président Emile Darthois et de son secrétaire Maurice Bétrancourt pour évaluer les dégâts, et obtenir rapidement les dommages de guerre nécessaires à un prompt rétablissement. leurs démarches continuelles à Lille furent récompensées par l'attribution de la totalité de leurs dommages en argent liquide.
La Société reprit vite son entrain et sa prospérité ; sa nouvelle devise "Art - Dévouement - Fraternité" fut l'emblème de la camaraderie de ses membres. Cette fraternité se manifesta publiquement lors du décès du Président Emile Darthois ; elle montra à quel point il était aimé et respecté de tous les membres de l'Harmonie où il avait su créer une ambiance familiale.
Il nous fit interpréter "Tanhauser-Lohenfrin etc ..., Beethoven - Brahms - Gounod - Rossini - Ravel - Chopin - Delibes", et combien d'autres maîtres.
Le chef Louis Maine, voulant laisser trace de son passage, fit don d'un pas redoublé "Les Enfants de Bouchain" de sa composition. Il en dirigea l'exécution lors d'un concert, au cours duquel il lui fut remis la cravate de l'Etoile Fédérale, pour ses 60 années de fidélité et d'attachement à l'art musical.
Cette remise lui fut faite lors du Concert offert aux membres honoraires le 25 avril 1982, où Gérard Becourt lui offrit la baguette pour l'exécution de son pas redoublé "les Enfants de Bouchain". Louis Maine décéda le 5 mai 1984 à Villepinte (Seine St Denis)
Ses funérailles eurent lieu à Roeulx, le 9 mai 1984 - l'Harmonie présente lui rendit hommage.
Au départ de Louis Maine, ce fut Marcel Berriaux qui le remplaça. Il était déjà au pupitre des clarinettes à Bouchain depuis 1961 et soliste. Marcel Berriaux, pressenti par le comité de l'Harmonie, accepta cette lourde charge en Janvier 1975.
Hélas, la maladie l'obligea à l'abandon.
L'Harmonie assista à ses funérailles le 17 octobre 1977. Il fut vivement regretté.
L'Harmonie fut de nouveau dans l'obligation de chercher un directeur.
Plusieurs candidats répondant à l'appel dans la presse, le choix du Comité se fixa sur Daniel Coleau, musicien très qualifié de Marly, habitant Valenciennes. Coleau ne fit qu'un trop court passage car engagé pour la Ste Cécile de 1976, il quitta la direction le 30 juin 1978.
Heureusement pour la continuité de la phalange, Nicolas Cousin, chef de Marquette dévoué à notre art, repris la direction. L'Harmonie n'eut pas à souffrir de l'abandon inopiné de Coleau.
Nicolas Cousin assura la conduite de la musique, la renforçant de membres de son effectif de Marquette, desquels il présenta un jeune formé à son école, Alain Lefebvre.
Ce talentueux jeune chef qui prit la baguette fin 1978 ne fit lui aussi qu'un trop bref passage à ce poste, qu'il quitta le 16 février 1982. Ses merveilleuses qualités le portèrent vers un concours qu'il remporta avec succès. Il obtint la direction de l'Harmonie de l'Argentière La Béssée (Hautes Alpes) et de professeur des cours de solfège du collège de cette ville.
A noter qu'Alain Lefebvre, élève du Conservatoire de Cambrai, y avait obtenu un 1er prix de solfège et un 1er prix de trombone.
Mais il y avait dans les rangs de l'Harmonie un autre élève de Nicolas Cousin, sorti du même creuset, virtuose clarinettiste, qui avait épousé une musicienne de Bouchain.
Gérard Becourt prit la direction vacante, la musique n'en souffrit pas. Dès le 16 février 1982, il était au pupitre et le 25 avril il donnait son premier concert.
Par malchance pour l'Harmonie, et prouvant cependant que le Comité jugeait justement la valeur de ses chefs, M.Becourt fut également tenté par le Concours, et obtint suite à celui-ci sa nomination de Professeur dans la ville de Laragne-Montaglin (Hautes-Alpes). Il y dirigea son 1er concert de Ste-Cécile le 12 décembre 1982.
Le chef suivant, ou plutôt la chef, fut Mademoiselle Maryvonne Dufour, devenue Mme Lefebvre, et également élève de Nicolas Cousin. Elle était sortie du Conservatoire de Douai avec la médaille d'or couronnant un certificat de fin d'études en 1979, et devint professeur de CES.
Elle prit donc la direction de l'Harmonie avec beaucoup de maîtrise, et donna son premier concert le 11 décembre 1983. Son mariage, ses multiples occupations, l'obligèrent à abandonner ses fonction en février 1985.
Lui succèda Patrice Mostacci, 1er prix du Conservatoire de Roubaix et de percussion de Douai. Il devint chef de l'Harmonie dès le 6 janvier 1985.
Il se vit également attribuer la responsabilité de diriger le centre des examens fédéraux du secteur de Bouchain, qui fut créé par le président Victor Trioux, alors délégué de la Fédération Musicale pour le canton de Bouchain.
Lydia Cauchy fut chef de musique début 1991
Puis ce fut Henri Dutoit qui devint chef de musique. Il arriva à l'Harmonie en 1986 comme musicien. Il fut directeur par intérim de mi 1991 à mi 1992, puis Directeur de 1996 à 2004.
De 1992 à fin 1995, Marc Cambron devint chef de musique.
De 2004 à 2011, ce fut Gérard Gwizdek qui assura le rôle de Directeur de musique. Clarinettiste de formation, il a alors plus de 40 ans de musique derrière lui, ayant commencé très jeune. Il fut d'abord parmi les musiciens avant 2004, puis chef au départ de Henri Dutoit. Il dut cependant quitter Bouchain pour raison professionnelle en 2011.
Sous sa direction, furent célébrés entre autres les 170 ans de l'Harmonie de Bouchain en 2009 ; ainsi que l'un des concerts de CCO en 2010.
En 2011, Vincent Petit reprend la Direction de l'Harmonie.
Issu du conservatoire de Denain, puis de Valenciennes où il a fait toutes ses études musicales, il les termine au conservatoire national supérieur de Lyon en 2003 et parvient alors enfin à réaliser son rêve : faire de la musique son métier.
Intermittent du spectacle pendant dix ans, il a fait résonner sa trompette dans les plus grands orchestres (orchestre national de Paris, le Capitole de Toulouse, orchestre de Bretagne...). Mais également dans les plus grandes formations qui ont accompagné la Star Academy (saison 2005-2006) ou les trois dernières dates du « roi Soleil ».
Une autre dynamique est donnée à l'Harmonie, avec des concerts innovants comme Le Concert Dansant de novembre 2012, ou les 1ères Victoires de la Musique classique en novembre 2013.
En 2015, avec l'association Bouchain Patrimoine, concert Historique en hommage à Louis XIV : voici extrait du site "www.bouchainpatrimoine.com" :
"Et oui ! beaucoup d'entre vous ne doivent pas être au courant !
Suite aux guerres de dévolution dont nous vous avons déjà parlé (dans Au coeur de l'Histoire), lors de la Guerre de Hollande, Louis XIV et son armée ont repris Bouchain à la Quadruple Alliance en mai 1676 .
Louis XIV est décédé le 1er septembre 1715, à Versailles,
....
Il fallait tout d'abord trouver les partitions des musiques de Haendel, Lully, Charpentier, ... grands musiciens de l'époque du Roi.
Puis surtout les adapter aux instruments de musique de l'Harmonie. Le chef de musique Vincent Petit s'est attelé à cette tâche, et a écrit les partitions correspondantes pour orchestre d'harmonie.
Le résultat sera exceptionnel et mémorable, et de surcroît UNIQUE en son genre ! Nous avons pu assister à quelques répétitions parmi les nombreuses déjà effectuées par les musiciens, dont une 1ère avec le chef Pierre-Yves GROGNIER, directeur des symphonistes européens qui dirigera l'harmonie pour ce concert en l'église de Bouchain."
En 2017, à la demande de l'association Bouchain Patrimoine, l'harmonie a interprété un concert en hommage à Napoléon, qui passa par deux fois dans Bouchain (plus d'infos en cliquant ici), avec à la direction Pierre Yves Grognier et Vincent Petit, et les chanteurs des Symphonistes Européens .